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La XXVème heure
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3 janvier 2012

L'homme qui ne savait pas dire non, Serge Joncour

joncourLe nom de Serge Joncour m’était totalement inconnu. Je n’avais pas encore fait lien avec cet auteur, lorsque je découvrais un thriller hitchcockien « U.V. » tourné sur l’île de Porquerolles avec Jacques Dutronc, Laura Smet… entre-autres. Le hasard d’une promenade en librairie, me fit tomber sur un petit opuscule en folio intitulé U.V. Le lien était créé. Me restait à lire le roman. Et là, il y avait concurrence avec Mr Ripley (qui reste pour moi un chef-d’œuvre de tension et d’atmosphère).C’est dire si je me réjouissais, en cette après-midi d’avril, me rendant, par les jardins du Luxembourg, à Odéon dans les bureaux de Flammarion. Serge Joncour venait d’y publier son nouveau roman « L’homme qui ne savait pas dire non »…

Chemise en lin largement ouverte sur une poitrine halée, barbe naissante poivre et sel, Serge Joncour choisit ses mots, souligne sa phrase d'un trait de la main, réfléchit, demeure suspendu, rewind et reformule. Fildefériste de l'instant, l'auteur se révèle timide, fragile. Avec humilité, il évoque son dernier roman; l'histoire de Beaujour, antihéros, sorte de Bartelby qui, ne pouvant prononcer le mot « non», part à la recherche de ce petit préfixe. Au-delà, conjuguant humour et tendresse, c'est le sens de l'existence qu'explore l'écrivain.joncour2

Cet ouvrage, n'est-ce pas le roman des origines ?

"Ce livre est un paradoxe ! Il intègre des éléments totalement abstraits mais trouve son ancrage dans une profonde réalité. Entrelaçant données historiques et petites humeurs du quotidien, il reflète de manière allégorique l'histoire de l'humanité. Je n'ai pas rédigé une pure fiction, ce n'est pas non plus une autobiographie, mais ça l'est un peu, une sorte d'autobiographie collective."

Vous y traquez l'individu dans son quotidien...

"Je suis un observateur. Je guette les petits riens, les habitudes, les contrariétés, les comportements... Assemblés, ils donnent une image assez précise, souvent corrosive, de notre société."

D'où une forte identification du lecteur ?

"Enfant, j'étais une négation permanente. En grandissant, j'ai éprouvé plus de difficultés à exprimer mes désaccords. Beaucoup de gens partagent ce sentiment."

Pour quelles raisons ?

"Ce n'est pas dans notre culture de prendre sa liberté, de se révolter. Dire non engendre plus de contraintes encore qu'un oui... Beaujour a grandi dans le consentement permanent; acceptant le progrès, le confort, l'état de fait. Difficile ensuite de faire marche arrière."

On revient aux origines...

"Impossible d'y échapper. Après la psychanalyse et l'étude du Moi, on décortique l'histoire de nos aïeux afin de comprendre ce lien ténu qui, de génération en génération, conditionne notre personnalité. Nous sommes des exilés de notre passé."

N'est-ce pas aussi le rôle de la littérature ?

"L'écriture permet de structurer l'inconscient sous forme de langage. Elle offre la possibilité de revenir à ce carrefour invisible où notre existence a basculé et où les mots se sont perdus. Parfois, aussi, elle donne la possibilité de réinventer sa vie."

Vous écrivez : « C'est aux autres qu'il faut dire non et pas à ses rêves ». Avez-vous trahi l'enfant que vous étiez ?

"L'écriture a été, dès l'enfance, une compagne. J'espère être resté fidèle tant à sa part de rêve qu'à ses exigences. En tout cas, j'ai été sincère..."

Vous utilisez beaucoup l'humour, est-ce pour lutter contre la fatalité ?

"C'est ce qui désamorce. Une petite phrase peut créer une immense complicité entre deux inconnus."

 

Interview > Didier Debroux © La Dernière Heure

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  • La lecture n'est pas une confusion entre fiction et réalité, une humiliation du réel. Lire n'est pas une activité séparée en concurrence avec la vie. Au contraire! Elle donne forme, saveur, style et même élégance à l'existence...
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