Le silence du moteur, Olivier Lebé
Musicien, compositeur, ce n'est que tardivement qu'Olivier Lebé déserta la partition au profit de la page blanche, publiant son premier opus "Repulse day" en 2013, couronné du Prix Premier Roman. Auréolé de critiques dithyiambiques, l'attente était donc forte quant à ce second ouvrage "Le silence du moteur". Et, force est d'écrire que l'essai est brillamment transformé! Cent-soixante-sept pages de pur régal. Un road-trip père-fille made in USA avec L.A. en filigrane. Surtout, sous la plume de l'auteur, c'est la chrysalide de deux êtres qui se dessine. Ce n'est pas un roman mais un album conceptuel. Sorte d'opéra rock en trois actes où s'invite entre les lignes l'ombre de Dante et de Nietzsche...
C'est donc l'histoire d'un père, Pierre, 50 ans, musicien qui a perdu la passion, et de Romy, sa fille, 15 ans, borderline à tendance suicidaire. L'un et l'autre sont vivants mais plus tout à fait dans la vie. Ensemble, ils roulent sur les "Highway" californiennes en quête d'apaisement et de réparation. De tabernacle en tabernacle, de silences en confidences, de rencontres en découvertes, ... ils trouveront une voie, un chemin vers l'existence au coeur de ce monde fait de bruit et de fureur.
Servi par une plume ciselée, simple (jamais simpliste), sans pathos, pudique et gracieuse, "Le silence du moteur" se révèle un roman bouleversant parsemé d'une galerie de personnages de haute exctraction. Au-delà, entre les notes, c'est un portrait au scalpel de l'Amérique et de ses rêves brisés, une réflexion sur le bonheur, l'amour, le rapport au temps et aux autres... Bref, une totale réussite!