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La XXVème heure
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10 novembre 2013

Mohawk, Richard Russo

Depuis Le déclin de l'empire Whitting,- prix Pulitzer 2002 -, on sait que Richard Russo est un infaillible médium pour

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lequel le coeur humain n'a pas de secrets. Sa plume? Un sismographe, un scanner. Ses personnages favoris? Les anonymes de l'Amérique provinciale, des antihéros qu'il rend merveilleusement attachants parce qu'il n'a pas son pareil pour les écouter, pour leur arracher aveux et confidences. La preuve, ce magnifique Mohawk, le premier roman que Russo publia aux Etats-Unis en 1986, et qui n'avait pas encore été traduit en français. Ce qu'on y découvre, c'est d'abord des ambiances, des décors, ceux d'une petite bourgade de l'Etat de New York que l'on retrouvera dans bien d'autres livres de Russo: Mohawk, une cité moribonde, frappée par la récession économique, qui reflète parfaitement l'incurable mélancolie de ses habitants, leur résignation silencieuse, leurs vies étriquées, le sentiment d'abandon qui les force à courber constamment l'échine.

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Que trouve-t-on à Mohawk? Quelques bars, un dancing, des usines désaffectées, un hôpital rempli de cancéreux - les anciens ouvriers des tanneries qui firent jadis la prospérité de la région. Russo décrit magistralement ce monde crépusculaire, un théâtre d'ombres sur lequel il fait défiler une quinzaine de personnages assez délabrés, "contraints de faire du neuf avec du vieux".Harry, le patron du grill où se réfugient les âmes en peine. Mather Grouse, qui connaît tous les secrets de la ville et qui lutte contre un emphysème. Anne, une mère Courage qui a épousé un homme qu'elle n'aimait pas et qui s'est éprise du mari de sa cousine,Dan Wood, cloué à un fauteuil roulant. Wild Bill, un attardé qui passe son temps à écumer les rues de Mohawk. Dallas Younger, qui dilapide son argent au poker et qui a perdu ses dents à 19 ans pendant une bagarre. Diana, une fille "usée par la pression constante du sacrifice".

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Tandis qu'alternent flash-backs et zooms sur un présent cafardeux, chacun fait son tour de piste en nous prenant par la main sans nous lâcher, dans un roman où le génie ne se niche pas dans le spectaculaire mais dans ces vies qui frémissent entre les pages. Une rhapsodie de coeurs écorchés, sous la plume d'un virtuose de la psychologie.

Bref, un régal!

*L'express 

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  • La lecture n'est pas une confusion entre fiction et réalité, une humiliation du réel. Lire n'est pas une activité séparée en concurrence avec la vie. Au contraire! Elle donne forme, saveur, style et même élégance à l'existence...
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