La conversion de Casanova, Hermann Hesse
Lors d'une conversation, à brûle pourpoint, avec le jeune auteur Harold Cobert (dont je vous recommande la lecture de son opus "L'entrevue de Saint-Cloud"), il remit sur la table Hermann Hesse qui, depuis "Le loup des Steppes" et "le jeu des perles de verre" demeurait un vague souvenir de fin d'adolescence... Et Harold Cobert de me parler avec passion d'un petit texte qu'il ne cessait d'adjectiver comme "formidable!" et de souligner avec force "Malheureusement moins connu...", La conversion de Casanova.
Casanova quitte Stuttgart à cause de ses frasques, il a déjà une réputation d'aventurier et sa légendaire évasion de la prison des Plombs, à Venise, à son actif. Notre fuyard se réfugie dans une toute petite auberge où il rencontre un prêtre, discute avec lui et commence à envisager la possibilité d'arrêter sa vie de débauche pour entrer dans les ordres. Les dialogues sont éblouissants : Casanova se pose en contradicteur du prêtre comme le faisait Socrate avec ses interlocuteurs, il parle théologie, foi, et finalement se laisse convaincre. Les deux hommes arrêtent donc une date à laquelle Casanova sera ordonné prêtre. Il commence une vraie préparation, décide de faire voeu de chasteté et de probité. Mais entre-temps, arrive une mystérieuse comtesse, dont Casanova n'entraperçoit que la cheville très fine, le beau profil. Et là, l'instinct du chasseur revient : il n'a de cesse de revoir cette femme, se déguise en valet pour monter dans sa chambre, mais elle lui échappe. Il sent pourtant qu'il va finir par l'avoir. Or le matin du jour où il va prêter serment, la comtesse est partie. Casanova avoue au prêtre qu'il préfère sa vie d'aventurier, de plaisirs, et part sur les traces de sa nouvelle proie...
Force m'est d'avouer, qu'Harold avait raison: Quarante pages éblouissantes où se distille le souffle romanesque de Hesse. Et Cobert de conclure : "On retrouve toujours chez Hesse cette dualité entre l'aspiration à quelque chose de très spirituel, très pur, et l'appel des sens, de la chair, entre immanence et transcendance. J'aime cette idée que les grands mystiques sont ceux qui doutent le plus, et que les plus grands pécheurs ont tous, à un moment, la tentation de croire."