Je te dois tout le bonheur de ma vie, Carole d'Yvoire
C'était il y a cent ans, à Londres, Virginia Stephen rencontrait Léonard Woolf. Elle, esprit fulgurant, atteinte de dépression chronique, obnibulée par la littérature et le besoin d'écrire, sensible au charme des femmes; lui, solitaire, visionnaire, doté d'un esprit politique aiguisé, peu enclin aux choses de la chair. Ils vont pourtant s'aimer, au-delà des codes et des conventions, unis autour de l'art et des idéaux. Ils vont pulvériser une certaine vision de l'Angleterre, créer le groupe Bloomsbury, fonder La Hogarth Press... et entrer dans l'Histoire. Carole d'Yvoire conte avec brio, et le talent d'une romancière, cette aventure amoureuse, humaine et intellectuelle.
Léonard et Virginia était fait pour se rencontrer. Elevés dans le quartier de Kensington, issus d'une certaine bourgeoisie, marqués par les mêmes stigmates de l'adolescence où la mort n'est jamais lointaine. Leurs parcours individuels s'entrelacent d'épreuves avant de les réunir dans une union plus proche de la communion que du mariage. Ils fréquenteront des intellectuels aux idées nouvelles, animeront la vie culturelle et marqueront à jamais l'histoire de la littérature.
Carole d'Yvoire place le lecteur dans les pas de ces deux êtres tant brillants qu'attachants, éclaire leur vie, décortique l'éblouissante société de Bloomsbury où se croisent Duncan, Keynes, Stephen, Maynard... mais aussi E.M. Forster, Vita Sackeville-West; des "mandarins"qui choisiront, malgré tout, l'intensité de l'existence.
Abondamment illustré, doté de deux nouvelles inédites, voilà un ouvrage passionnant, palpitant, qui se lit comme une épopée. De sa plume limpide, l'auteure explore les âmes de ces personnages d'exception, éclaire une époque marquée par la guerre, toujours engoncée dans le 19ème siècle. Intelligent, érudit, évitant les travers de l'académisme, conjuguant tragédie et fulgurance... "Je te dois tout le bonheur de ma vie" est une réussite totale. Bref, un régal!