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La XXVème heure
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1 décembre 2017

Les vrais durs, T.C. Boyle

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Si, comme le pense D.H. Lawrence, "L'âme américaine est dure, solitaire, stoïque", T.C. Boyle s'en révèle le subtil observateur et, de roman en roman, explore les tréfonds de ce qui compose cette Amérique en proie à une sombre exaltation. De l'individu à la communauté, de la particule à l'universel, il sonde ces zones inconscientes non encore délayées. Sa plume est acerbe, tendue, brute, ironique, pour plonger aux sources du mal, là où se nourrit cette violence inoculée dans l'histoire fondatrice d'une nation sans racines. Et son dernier opus, "Les vrais durs" (livre de poche), de s'inscrire dans la grande lignée de Mailer, Burgess, Dostoïevski.

L'histoire? Celle de Sten Stensen, ancien Marine à l'automne de sa vie. Lors d'une croisière au Costa Rica, il devient héros malgré lui, sauvant les passagers de l'attaque d'un chef de gang en le tuant à mains nues. Un fait divers donc.  Mais Sten a un fils, Adam, qui souffre de psychose paranoïaque. Il se prend pour un trappeur des temps modernes, vit dans les bois, voit des aliens... Le jeune homme rencontre Sarah, de quinze ans son aînée, et tombe dans ses filets. Totalement radicalisée, elle habite seule avec son chien, honnit la société, prône l'illégitimité du gouvernement, déteste toute autorité. Sous son joug, Adam devient incontrôlable et bascule dans une folie qui le mènera au crime. C'est ce parcours que Boyle conte au scalpel, posant la question: "comment la haine d'une société peut-elle mener un individu isolé à commettre un carnage?".

En filigrane de son oeuvre, l'analyse d'un autre phénomène: l'influence des gourous, des grandes figures légendaires, sur l'être. Une obsession chez cet auteur, fan de Coltrane, qui tente d'explorer, comme son idole, l'infini d'une antienne.

Auscultant la nation de l'Oncle Sam par le "judas" des marginaux, T.C. Boyle compose un roman en forme de concerto, bousculant les codes du classicisme pour évoluer dans un hypnotique crescendo. S'il se refuse misanthrope, ses personnages n'y échappent pas, dévoilant sans doute la vision inconsciente de leur créateur. Un livre fort, puissant, à l'os, qui embarque le lecteur dans une trépidante odyssée dont il sortira malmené, rudoyé... mais sans aucun doute plus humain. Bref, un régal! 

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  • La lecture n'est pas une confusion entre fiction et réalité, une humiliation du réel. Lire n'est pas une activité séparée en concurrence avec la vie. Au contraire! Elle donne forme, saveur, style et même élégance à l'existence...
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