Même les pêcheurs ont le mal de mer, Diane Peylin
Coup de coeur pour ce roman de Diane Peylin qui nous entraîne sur les traces de trois hommes liés par une quête filiale, celle de l'amour. Que transmet un père? Comment cicatriser les plaies transgénérationnelles liées au silence, aux non-dits, aux secrets inavoués? Comment aimer lorsqu'on ne l'a jamais appris; lorsque les douleurs tues sont la normalité et les aveux interdits? Ce sont ces questions, et bien d'autres, qu'explore l'auteure dans cet ouvrage où se conjuguent âpreté, poésie, violence, délicatesse.
Nous sommes quelque part dans le sud, sur une île, où la terre est sèche et la mer féroce. A la mort de Rafa Orozco, le grand-père, sorte de géant au regard céruléen, inflexible, taiseux, dur comme de la roche, les souvenirs remontent. Ceux de Valente, le père, un indompté, veuf inconsolable. Ceux de Salvi, fils et petit-fils, qui a fui vers le continent, pour tenter de trouver mieux qu'un destin de pêcheur et oublier des valeurs morales qu'il exècre. Mais on n'échappe pas à son histoire...
Diane Peylin orchestre avec maestria ce voyage au coeur d'un labyrinthe familial où les Orozco, tour à tour, se confient. Elle explore l'âme de ces hommes. Et, de sa plume, leur donne les mots pour confier ce qu'ils ne peuvent exprimer. Se dévoilent les paysages, les embruns, les odeurs... en filigrane: les femmes et leurs mystères; un lourd, très lourd, secret; le passé et ses résonnances... Bref, un régal!
Même les pêcheurs ont le mal de mer, Diane Peylin