Karpathia, Mathias Menegoz
A Budapest, en fréquentant une branche de sa famille, des Souabes du Danube, Mathias Menegoz s'est intéressé aux communautés de la Mitteleuropa, qui ont coexisté à l'ombre des empires. Dans cet ample roman d'aventures de 700 pages, l'auteur emporte le lecteur en Transylvanie, dans les années 1830.
Un château fort au bord d'un lac, entouré de montagnes et de grandes forêts…C'est ce dont rêve le comte Alexander Korvanyi. En 1833 ce capitaine hongrois quitte brutalement l'armée impériale pour épouser une jeune autrichienne, Cara von Amprecht. Aussitôt, il part de Vienne avec elle, pour aller vivre aux confins de l'Empire sur les terres de ses ancêtres. Loin du folklore gothique, la Transylvanie de 1833 est une mosaïque complexe, peuplée de Magyars, de Saxons et de Valaques. D'un village à l'autre, on parle hongrois, allemand ou roumain ; on pratique différentes religions, on est soumis à des juridictions différentes. À l'époque où chaque communauté invente son identité nationale, le régime féodal est toujours en vigueur et des crimes anciens sont parés de vertus nouvelles. La région est une poudrière où fermentent les injustices, les vieilles haines, les trafics clandestins, les légendes malléables et les rêves nouveaux.
Dès leur arrivée, les époux Korvanyi sont confrontés à une série de crises allant bien au-delà des problèmes de gestion d'un vaste domaine longtemps abandonné à des intendants. Avec leurs ambitions et leur caractère, ils sont entraînés beaucoup plus loin qu'ils n'avaient imaginé. En découvrant les beautés et les dangers des forêts de Transylvanie, Alexander et Cara se révèlent l'un à l'autre et atteignent ensemble les frontières incertaines de la puissance et du crime.
Sur fond de lugubre forteresse, de forêts embrumées et de seigneurs féodaux, l'arrivée de ce jeune couple venu reprendre les rênes du fief de ses aïeux agit comme un détonateur et ravive les haines ancestrales. Tout dégénère. Et c'est, racontée avec fougue, une explosion de violence qui laisse derrière elle un champ de ruines.
Un roman qui flirte avec Zweig, Banfly, Maraï... Bref, un régal!