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La XXVème heure
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2 février 2014

Le réveil du cœur, François d'Epenoux

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En cette fin dejournée marathon, l'homme affiche encore un sourire engageant. Vrai, sincère. Une poignée de main ferme et un regard empathique. Nous prenons chacun un expresso. Parfait. Mousseux à souhait. Une manière d'entrer en confidence. La voix est douce, parfois hésitante. Il marque les silences, souligne d'un geste large une idée, une perception, un ressenti. Francois d'Epenoux écoute, reformule, s'étonne, s'enthousiame lorsqu'il évoque "Le vieux", Jean, Malo... tous ces personnages qui habitent son dernier roman "Le réveil du coeur". Un petit bijou. Un régal. Une bulle de bonheur où se confrontent toutes les émotions: le rire, la colère, les larmes, la tendresse, la révolte, le plaisir. Servi par une plume cristaline, ce roman "mille-feuilles", explore tant les relations transgérationnelles, que l'amour, le temps, la nostalgie, l'espoir, la peur, la paternité...

L'histoire? Celle de Malo. Un gamin d'à peine six ans, enfant de parents divorcés, contraint de passer un mois de vacances avec "Le Vieux", son grand-père; vieillard acariâtre, ronchon, passéiste, avec pour devise :"M... c'était mieux avant!". Au centre, il y a son père, Jean, le fils du Vieux; sorte de quadra bobo qui a choisi le doute pour moyen de transport. Et puis, il y a Leïla, sa mère, Franco-marocaine, journaliste, femme d'action, bien dans son temps, avec Dolto en intraveineuse... En filigrane, Lacanau, la nature, les petits plaisirs du quotidien, un pont entre hier et demain. 

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Au coeur de votre roman, la notion de temps. Quel rapport entretenez-vous avec lui ?

« Il m’affole. Il passe trop vite... Un adulte passe son temps à gérer le temps. Il le met en perspective, ce qui signifie réduire ou raccourcir. Un enfant, par contre, subit le temps. Il s’y baigne sans avoir à anticiper. Il est passif face à lui… »

Vous associez le temps à l’action et vous semblez rêver de contemplation. Un paradoxe?

« Sans doute! On a besoin de contempler. Voilà une nécessité que la modernité a oubliée. Le grand-père va donc tenter d’apprendre à son petit-fils Malo à jouir de l’instant présent ».

Avons-nous plus à apprendre de la contemplation que de l’action ?

«Il est essentiel de se conserver des parenthèses enchantées où l’on entre dans une autre dimension, une fenêtre ouverte sur la créativité, essentielle à l’équilibre».

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Comme l’écriture…

«C’est ma respiration. Donc indispensable ! »

N’est-ce pas aussi un moyen d’échapper à la réalité ?

« Absolument. Le réel ne me suffit pas. Il me fatigue et se révèle souvent désespérant. Alors, j’invente mon propre petit monde ».

Le rôle du père, un autre thème majeur. Vous écrivez d’ailleurs « Cet homme-là est tout pour moi »…

« Le père est repère ! Ce livre parle de décloisonnement entre générations. Le grand-père caricatural finit par apprendre de son petit-fils. Il se perméabilise. Il dépasse son rôle de transmission en acceptant de dévoiler l’homme au-delà du symbole »

Se libère-t-on un jour de l’image paternelle?

« Elle demeurera  toujours une référence, un pivot central par rapport auquel on se positionne. Même père, nous restons des fils ! Avec l’expérience, néanmoins, on devient plus indulgent, on comprend et on pardonne»

"Le réveil du coeur", un roman sur les quadras. A vos yeux une sorte de « lost generation»?

«Les hommes surtout ! Ils ont du mal à s’identifier au modèle parental et aux femmes. Ils incarnent la première génération mâle heurtée à tant de repères explosés : la masculinité, l’indépendance des femmes, une éducation déconnectée de la réalité économique… les premiers qui réalisent que leurs enfants auront moins qu’eux. L’époque est déstabilisante et peu rassurante. »

Raison pour laquelle vous confrontez trois générations ?

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« Effectivement ! L’une, forte de certitudes, le vieux ; l’autre, pleine de doutes, Jean ; la troisième, pleine d’insouciance, Malo. Peu à peu, une passerelle va se bâtir entre ces êtres qui apprendront les uns des autres. Ils trouveront leur place et une forme de sérénité».

C’est donc un message d’espoir, que ce roman?

« Complètement. D’ailleurs à ceux qui doutent, dites-leur: transformez la crainte en espoir, soyez entreprenant et clairvoyant. Ayez confiance, lâchez prise… »

Et donc, faites des enfants ?

« Mais oui, ils sont l’espérance. Ils nous portent vers l’avenir, tout en (r) assurant le présent. Ils nous confèrent un optimisme animal».

Pourtant vous n’hésitez pas à associer l’amour et la mort...

« Ce sont les deux seules certitudes de l’existence. Deux énergies qui se polarisent. Et de ce choc naît une étincelle… celle de la vie ! »

Dont acte!

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  • La lecture n'est pas une confusion entre fiction et réalité, une humiliation du réel. Lire n'est pas une activité séparée en concurrence avec la vie. Au contraire! Elle donne forme, saveur, style et même élégance à l'existence...
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