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La XXVème heure
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13 novembre 2012

Des Fauves et des Hommes, Patrick Graham

*Changement de décor dans le nouveau thriller de Patrick Graham. À la suite du succès de son premier roman, ­L'Évangile selon Satan, prix des Maisons de la presse 2007, dont il s'est vendu 200.000 exemplaires, et après avoir confirmé son talent dans L'Apocalypse selon Marie etRetour à Rédemption, l'auteur français, qui a vécu une partie de sa vie aux États-Unis, se renouvelle. Si le Moyen Âge et le fantastique dominaient jusqu'ici son inspiration, le voici qui situe son intrigue dans l'Amérique de la­ ­Grande Dépression des années 1930.

La description des États-Unis dévastés par la misère, la violence, et gangrenés par la mafia est réaliste. Le fantastique, quant à lui, n'est pas totalement banni, mais il est très peu présent. Pourtant, le romancier installé dans les Yvelines reste fidèle à lui-même dans sa capacité à tenir en haleine ses lecteurs.

Mécanique de précision

Graham donne l'impression de maîtriser une mécanique narrative de précision. Une mécanique mise au service de personnages fascinants. Parmi eux: Sidney Clifford. Pris dans le tourbillon de la crise, cet ancien marine noir est devenu un vagabond. Alors qu'il retourne chez lui, dans l'Alabama, après plusieurs mois d'absence, il découvre que sa femme, Rhoda, et sa fille, Abigaïl, ont été expulsées de leur maison, saisie par la banque de Birmingham. Parti sur leurs traces en Floride, chez une tante, Sidney découvre, dans un décor de fin du monde, la tombe d'Abigaïl. Quant à Rhoda, affamée, elle a juste le temps de rendre l'âme dans les bras de son mari…

Tout bascule alors pour le vagabond, qui se venge en assassinant le directeur de la Birmingham Bank. Au passage, Sidney vole au banquier une forte somme d'argent en bons au porteur et des documents secrets. Ces papiers prouvent que de nombreuses banques et plusieurs autorités régionales et nationales sont corrompues par le crime organisé.

Esthétique de la violence

Poursuivi par le Marshall Strickland, acheté par la mafia, Sidney trouve refuge comme ouvrier agricole dans la plantation des Fletcher Mills. La jeune fille de la famille, Carson, 15 ans, est fascinée par lui. Et quand des policiers, téléguidés par le parrain new-yorkais Maranzano, massacrent à la mitraillette les Fletcher Mills, qui n'ont pas voulu collaborer avec eux, Carson, seule survivante, s'enfuit aux côtés de Sidney.

La fuite de ces deux êtres si dissemblables décoiffe. Rien ne semble pouvoir arrêter Sidney, qui est une sorte de Rambo noir, et son élève. Ces deux-là deviennent les porte-drapeaux de toutes les victimes de la crise. Ils prêtent main-forte aux mineurs exploités des Appalaches et aux fermiers ruinés. Aidés par une journaliste engagée dans la lutte contre la mafia, vont-ils atteindre le Mexique, où ils pourront se faire oublier? Graham nous captive jusqu'au bout. L'action, l'aventure sont omniprésentes. Les scènes de fusillade, très nombreuses, sont décrites avec brio. À tel point qu'une esthétique de la violence, presque dérangeante, se dégage. Mais l'auteur trouve le bon angle d'observation pour ne pas tomber dans la complaisance.

*le Figaro

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  • La lecture n'est pas une confusion entre fiction et réalité, une humiliation du réel. Lire n'est pas une activité séparée en concurrence avec la vie. Au contraire! Elle donne forme, saveur, style et même élégance à l'existence...
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