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La XXVème heure
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3 novembre 2012

Le sermon sur la chute de Rome, Jérôme Ferrari

ferrari

On en parle. On en parle même beaucoup. Trop? Je ne sais. Pourtant, force est de constater que Jérôme Ferrari envoûte son lecteur par la beauté de son écriture d'abord, imprégnée du souffle des sermons antiques mais ancrée dans la modernité, un style à la fois intimiste et puissant, et de son art d'entrelacer cocasseries et drames, ensuite.

"Le sermon sur la chute de Rome" se révèle un magnifique voyage initiatique au coeur d'un village corse perdu dans la montagne. Là, un vieil habitant, Marcel Antonetti, qui a traversé le siècle à la poursuite de l'Histoire sans jamais la rattraper, plonge dans les souvenirs d'une existence aux rêves brisés. Il a vécu, comme nombre de ses compatriotes insulaires, une sorte d'exil avant de revenir au village ruminer ses échecs. Son petit-fils Matthieu revivra la même désillusion. A la surprise générale, il renonce à ses études de philo à la Sorbonne pour devenir patron du bar du village, avec son ami d'enfance Libero Pintus, autre apprenti philosophe. Leur ambition? Transformer ce modeste troquet en "meilleur des mondes possibles".

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Les débuts sont prometteurs... Mais, bientôt, c’est l’enfer en personne qui s’invite au comptoir, réactivant des blessures très anciennes ou conviant à d’irréversibles profanations des êtres assujettis à des rêves indigents de bonheur, et victimes, à leur insu, de la tragique propension de l’âme humaine à se corrompre. Entrant, par-delà les siècles, en résonance avec le sermon par lequel saint Augustin tenta de consoler ses fidèles de la fragilité des royaumes terrestres, Jérôme Ferrari jette, au fil d’une écriture exigeante, une lumière impitoyable sur la malédiction qui condamne les hommes à voir s’effondrer les mondes qu’ils édifient et à accomplir, ici-bas, leur part d’échec en refondant sans trêve, sur le sang ou les larmes, leurs impossibles mythologies.

Le style de l'auteur se veut savant, inscrit en droite ligne de la tradition classique explorant tant le language écrit que parlé: parfois cru, vulgaire, en écho à la décadence du monde qu'il décrit; souvent, certaines pages recèlent des trésors de poésie.

Ambitieux, "Le sermon sur la chute de Rome" replace la philosophie au coeur de la littérature laissant au lecteur, le livre refermé,  l'envie de poursuivre la réflexion....

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Commentaires
La XXVème heure
  • La lecture n'est pas une confusion entre fiction et réalité, une humiliation du réel. Lire n'est pas une activité séparée en concurrence avec la vie. Au contraire! Elle donne forme, saveur, style et même élégance à l'existence...
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