Les ailes de la colombe, Henry James
Henry James s'impose aujourd'hui comme l'un des maîtres qui ont renouvelé le roman au cours des cent dernières années. A la recherche, comme Rimbaud ou Proust, de "la vraie vie", il ne voit de salut que dans l'intensité intérieure, dans la liberté et l'authenticité des consciences, dont il révèle avec une acuité inégalée la complexité mouvante, le cheminement imperceptible, la prise de distance à l'égard d'une société mortifère.
Accueillir la richesse du monde, prolonger la magie des rencontres heureuses, aimer pour rien : voilà l'invitation passionnée d'un romancier dont on n'évoque trop souvent que l'exceptionnelle maîtrise de l'art du récit. James à relier avec Edith Warthon, dont il fut le confident, mais aussi Vita Sackville-West...
Certes la production est vaste, mais "Les Ailes de la Colombe", dont la richesse symbolique - empruntée à la Bible, à Tristan et Yseut... - effet "waow" assuré!
Avec Venise en filigrane, la colombe c'est Milly Theale, une jeune orpheline qui a hérité d'une fortune immense. Face à elle, Kate, réfugiée chez sa tante, amie de Milly Theale. Entre ces femmes, quelques hommes, dont Merton Densher, amoureux de Kate, et Lord Mark, qui doit l'épouser. Une intrigue complexe, que Henry James a su animer avec une virtuosité inégalée.
Les secrets des amoureux, la jalousie, les sentiments contradictoires du désir et de la haine, de la confiance et de la trahison sont décrits d'une manière minutieuse et si pittoresque que le lecteur s'attache immédiatement à ces singuliers personnages.
De leur première apparition jusqu'à leur dernière invective, le roman tout entier nous apprend à aimer et à craindre, à espérer et à douter, à comprendre à coup sûr un peu mieux la richesse que tout homme recèle au fond de son âme.