Grand hôtel Nelson, Frédéric Vitoux
A l'heure où l'Académicien enquête, dans son dernier ouvrage, sur un étrange meurte au coeur de l'Île St Louis; faisons un petit retour sur précédent roman où Frédéric Vitoux explorait, en adolescent, les années folles et les secrets d'alcove de son grand-père dans un hôtel de passe connu sous le nom d'"Hôtel Nelson"...
"Surtout n'en parle pas à ta mère !" intima Pierre Vitoux à son fils Frédéric,
lorsque ce dernier, vers la fin des années 1960, lui montra une série des plaques sous-verre pornographiques ayant appartenu à son grand-père Georges. Une trouvaille qui, telle une boîte de Pandore, sera à l'origine, quelques bonnes décennies plus tard, non d'un flot de souvenirs mais d'un enquête.
Faute de confidences paternelles sur le sujet, l'auteur a mené ses investigations, des archives de la police à l'hôtel Nelson de la rue Le Peletier, où furent pris les fameux clichés licencieux. Passent les maisons closes... et les témoins, reste l'imagination ! Frédéric Vitoux n'en manque pas, s'offrant ainsi une longue parenthèse, vagabondage heureux autour de la figure du grand-père. Petit à petit, comme par miracle, l'image se dessine, s'affermit. Nous voilà en compagnie de Georges, jusqu'à son mariage tardif, en 1905. Journaliste touche-à-tout, le jeune homme à belle allure connaît quelques aventures - une romancière à succès, une jeune modèle "légère" - se passionne pour le cinématographe naissant, s'essaie à la dramaturgie, avant d'entreprendre, à plus de 36 ans, des études de médecine. Mais cet aïeul incarne aussi les années 1900, ces "années folles", riches en affairistes sectaires et irresponsables.
Qui était réellement ce grand-père? Au fil des pages et de ses découvertes, l'auteur passe du fantasme à la désillusion, sans pour autant comdamer. "D'autres s'en chargent pour nous", confesse-t-il.
Un roman subtil, une quête d'identité servie par une plume délicate, parfois crue, mais toujours élégante....