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La XXVème heure
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15 janvier 2012

Petites bulles de champagne dans la rentrée 2012

Voici quelques découvertes en-dehors des blockbusters de cette rentrée d'hiver. Des romans qui font du bien, des bulles de champagne, des bonbons acidulés,... de petites perles perdues dans cette rentrée lourde de 480 ouvrages. Etrange, je n'y trouve que des femmes... 

joyce_maynardJ'ai particulièrement aimé « Les filles de l’ouragan », de Joyce Maynard, Editions Philippe Rey.  L'histoire de deux jeunes filles nées le même jour, dans le même hôpital, dans des familles on ne peut plus différentes. Ruth est une artiste, une romantique, avec une vie imaginative riche et passionnée. Dana est une scientifique, une réaliste, qui ne croit que ce qu'elle voit, entend ou touche. Et pourtant ces deux femmes si dissemblables se battent de la même manière pour exister dans un monde auquel elles ne se sentent pas vraiment appartenir. Situé dans le New Hampshire rural et raconté alternativement par Ruth et Dana, ce récit suit les itinéraires personnels de deux « sœurs de naissance », des années 1950 à aujourd"hui. joyce maynard2Avec une jolie virtuosité, Joyce Maynard raconte les voies étranges où s’entrecroisent les vies de ces deux femmes, de l’enfance et l’adolescence à l’âge adulte - les premières amours, la découverte du sexe, le mariage et la maternité, la mort des parents, le divorce, la perte d’un foyer et celle d’un être aimé - et jusqu’au moment inéluctable où un secret longtemps enfoui se révèle et bouleverse leur existence. Avec ce nouvel opus, l’auteur "d'un long week-end" (à découvrir en 10-18) montre qu’elle est bien plus que l’ex-fiancée de Salinger, mais une romancière confirmée à l'écriture élégante et épure.

sackvilleDans la foulée des livres à deux voix, soulignons la parution du premier roman de Amy Sackville, Là est la danse, aux éditions Les Escales.Cette jeune auteur, moins de 30 ans emporte le lecteur sur les traces de la première expédition au Pôle Nord, celle de Edward Mackley. Sa jeune épouse l'attendra en vain. Prisonnier de la glace, son corps ne sera retrouvé qu'au bout de soixante ans... Dans sa main, un journal de bord retraçant l'odyssée de l'équipage. Un siècle plus tard, l'une de ses descendantes se plongera dans ce passé et découvrira un terrible secret.

Encore consacré aux femmes et à la découverte du passé, partons cette fois du côté de la littérature nordique avec le nouvel de Linda Olsson, vendu à plus de 500.000 exemplaire en Suède, "Astrid et Veronika", aux éditions de l'Archipel. Avec une infinie douceur qui s'égraine au fil des saisons, deux femmes réapprennent à se souvenir des belles choses:. L'une est romancière, jeune trentenaire; l'autre est octogénaire, quasi-ermite vivant à l'orée d'un hameau suédois. olssonEnsemble, elles vont appréhender le monde, s'ouvrir à nouveau à lui, s'émouvoir d'un sourire ou d'une musique... Elles se dévoilent, laissant apparaître leurs passions, leurs chagrins... leurs secrets!

Retour à Paris, avec "Je vais beaucoup mieux que mes copains morts", de Viviane ChocasChocas, aux éidtions Héloïse d'Ormesson, sorte d'utopie du troisième âge, dont les héros ne sont ni sages ni assoupis. Subtil, drôle et désinhibé, ce roman célèbre nos aînés, insuffle un ébouriffant vent de liberté, à rebours des préjugés. L'histoire d'un gang de vieux qui se font la malle de leur maison de retraite, aidés en cette cavale par la jeune Blanche, animatrice de l'atelier d'écriture. chocas2L'improbable "bande" est menée par un petit bout de femme en fauteuil roulant, une septuagénaire qui perd gentiment la boule, et deux papis flingueurs armés d'un pétard et d'une canne de mousquetaire. Ces vieux-là gardent le poing levé et sont décidés â faire danser encore un peu le monde sous leurs pieds. Attendrissant, drôle et profonds, un petit roman bonheur... 

davrichewy2Enfin, "Les séparées", de Kéthévane Davrichewy, Ed. Sabine Wespieser. Sans doute l'une des plus belles surprises de ce mois janvier et la découverte d'un auteur, surtout connu pour ses publications jeunesses, qui livre un second roman doté une incroyable maîtrise: celle des voix (elles sont deux), celle du temps (flash forward). Quand s'ouvre le roman, le 10 mai 1981, Alice et Cécile ont seize ans. Trente ans plus tard, celles qui depuis l'enfance ne se quittaient pas se sont perdues.
Alice, installée dans un café, laisse vagabonder son esprit, tentant inlassablement, au fil des réflexions et des souvenirs, de comprendre la raison de cette rupture amicale, que réactivent d'autres chagrins. Plongée dans un semi-coma, Cécile, elle, écrit dans sa tête des lettres imaginaires à Alice.davrichewy Tissant en une double trame les décennies écoulées, les voix des deux jeunes femmes déroulent le fil de leur histoire. Depuis leur rencontre, elles ont tout partagé : leurs premiers émois amoureux, leurs familles, leur passion pour la littérature, la bande-son et les grands moments des «années Mitterrand». Elles ont même rêvé à un avenir professionnel commun. Si, de cette amitié fusionnelle, Kéthévane Davrichewy excelle à évoquer les élans et la joie, si les portraits de ceux qu'Alice et Cécile ont aimés illuminent son livre, elle écrit aussi très subtilement sur la complexité des sentiments. Croisant les points de vue de ses deux narratrices, comme à leur insu, elle laisse affleurer au fil des pages les failles, les malentendus et les secrets dont va se nourrir l'inévitable désamour. Car c'est tout simplement de la perte et de la fin de l'enfance qu'il s'agit dans ce roman à deux voix qui sonne au même diapason.

 

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  • La lecture n'est pas une confusion entre fiction et réalité, une humiliation du réel. Lire n'est pas une activité séparée en concurrence avec la vie. Au contraire! Elle donne forme, saveur, style et même élégance à l'existence...
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